Voilà une phrase que j’aime beaucoup. Certains d’entre vous ont peut-être reconnu la référence XD. Elle ne provient certes pas d’un essai ou autre écrit pompeux, mais elle n’en reste pas moins importante pour chaque individu. Nous avons tous un rêve, mais contrairement à l’idée reçue, tenter de vivre son rêve est difficile et risqué.
En tant qu’auteur, et cela est vrai pour l’art en général, bien souvent notre travail n’est pas considéré comme tel, mais vu comme un passe-temps, un loisir. Un peu comme si notre société ne supportait pas que certains puissent trouver du plaisir dans ce qu’ils font pour gagner leur vie. Est-on obligé de souffrir dans notre boulot pour qu’autour de nous les gens soient satisfaits ? Cette idée rend-elle leur vie meilleure ? Peut-être. D’ailleurs, que savent-ils de ce que nous faisons au juste ? Certains s’imaginent sans doute qu’un auteur se lève à pas d’heure, traîne dans la maison en chaussons une partie de la journée en se grattant les fesses, joue un peu à Dieu sait quoi sur console en grignotant des cookies, puis enfin, s’assoit devant son écran pendant un quart d’heure pour pondre un roman vite fait bien fait. Et qu’en plus, cerise sur le gâteau, il s’enrichit en griffonnant ces trois mots par-ci par-là.
J’éprouve ce matin le besoin de clarifier certaines choses.
Tout d’abord, que ce soit en ME ou en AE, sauf cas exceptionnel, on touche des clopinettes ! Beaucoup d’auteurs (et même d’éditeurs d’ailleurs) sont obligés d’avoir un autre emploi et prennent le soir sur leur temps libre ou celui dû à leur famille pour « s’amuser » à écrire ce fameux ouvrage. Leur entourage ne comprend pas toujours et se trouve même souvent être un frein. Alors on remet les pieds sur terre deux secondes, hein ! D’accord, l’écriture est avant tout une passion, on aime créer des histoires, inventer des mondes. Néanmoins, un texte voit souvent le jour dans la souffrance et l’abnégation, n’en déplaise à ceux qui considèrent que l’on ne fait pas un vrai travail. Ce n’est sans doute pas les mêmes difficultés rencontrées par les personnes qui tous les matins se forcent à aller faire un boulot qu’elles détestent, mais est-ce que c’est une compétition de la vie professionnelle la plus chiante ? Sérieux ? Réaliser son ou ses rêves, c’est aussi faire des choix et des sacrifices. Prendre des risques. Nous vivons de très belles choses et d’autres beaucoup moins sympathiques. Déjà, être Auto publié, cela signifie (sauf si vous ne respectez pas la loi et prenez le risque d’une très grosse amende) être déclaré au minimum en Microentreprise. Donc des charges pour l’Urssaf, des impôts et autres frais annexes qui peuvent très vite chiffrer. Sans compter les emmerdements qui vont avec, selon votre situation. Bien sûr, il vous faudra un graphiste, bon de préférence, très peu d’auteurs sont les deux, même si cela arrive (personnellement, je n’en connais qu’une), et cela a un coût. Puis l’incontournable pour tout auteur qui se respecte et surtout respecte ses lecteurs : un correcteur. Pourtant, même avec ce dernier, il subsistera des fautes, je le sais par expérience. Ceci pour une raison simple, le prix, encore une fois ! Parce que lui aussi est déclaré (en principe), a des charges et tout le toutim. Il sait que s’il a un prix trop « élevé » vous ne pourrez pas le rémunérer comme il le mérite parce que vous n’avez quasiment pas un rond ; par conséquent, il trouvera peu de clients. Donc, bien souvent, il enchaîne les corrections pour s’en sortir et laisse passer pas mal de fautes ou de maladresses, voire des incohérences. Là, je fais sciemment l’impasse sur ceux qui se déclarent correcteurs parce qu’ils ont trois notions de grammaire, c’est un autre sujet. Épineux et désagréable. Cependant, pour être tombée dessus à une ou deux reprises, je sais que c'est une expérience très préjudiciable.
Donc, déjà, essayez d’imaginer combien de livres il faudra vendre avant de faire un bénéfice ! Et n’allez pas imaginer que nous encaissons le prix total de vente, que nenni. Oui, je sais, cet article tue un peu la licorne XD
Alors pourquoi je vous parle de ça ? Pour vous parler du métier d’auteur et parce que j’ai commis toutes ces erreurs les unes après les autres ! Pas parce que je ne savais pas que c’était une erreur, mais par faute de moyens et par empressement. Je voulais publier ! Partager mes histoires professionnellement. Avancer ! Progresser ! Il y avait aussi des personnes auprès de qui administrativement je devais justifier mon CA inexistant, je percevais cela comme un stress supplémentaire, une obligation de résultat. J’ai donc fait davantage de choix malencontreux et j'ai finalement perdu beaucoup d’argent en les accumulant.
Faire sa couverture ? Je l’ai fait pour le premier roman autopublié. Error ! Monumental error ! Sauf si vous avez un talent inné. Un vrai, pas celui que vous pensez avoir parce que votre mère crie au génie.
Les correcteurs ? Là aussi j’ai essayé à l’économie. En ligne ou en logiciel, ce n’est clairement pas suffisant, surtout si vous êtes incapables d’analyser les fautes avérées ou possibles qu’il soumet à votre jugement. En chair et en os ? Mieux, mais pas toujours. J’ai parfois eu du bol, parfois pas du tout. Quoi qu’il en soit, pour avoir demandé un devis à une correctrice travaillant pour une ME réputée, donc la Ferrari de la correction lol, je peux vous dire que pour un roman comme P’tit loup cela se montait à 1200 euros ! Hors de ma portée, vous pensez bien. Avec un lectorat important, cela peut être envisagé bien sûr, mais je débutais. Je débute toujours, d’ailleurs LOL. Les débuts d’un auteur prennent des années. En fouillant sur le web, j’ai ensuite trouvé des tarifs à 500 ou 300 euros, mais vous vous doutez bien, qu’à ce prix-là, la personne ne passera pas autant de temps sur votre chef-d’œuvre. Pour la simple raison qu’elle ne peut pas. Donc, ça vous coûte quand même ce prix, mais le roman est corrigé à 80 %. Ça, c’est si le correcteur est compétent bien sûr. Si vous tombez sur une chèvre, ça vous coûte quand même de l’argent et votre roman revient corrigé à 30 ou 40 %.
On parle du temps de travail ? Des 35 heures ? Ça n’existe pas. Vous travaillez chez vous, ce qui est sympa, je vous l’accorde, mais ce qui signifie aussi que vous ne décrochez jamais tout à fait. Il n’y a pas de fermeture officielle des bureaux pour vous dire stop. Et lorsque vous avez fini de créer, d’écrire ou de corriger, il y a tout le reste ! Ce qui entoure la sphère d’un auteur.
Vous le trouvez toujours facile et merveilleux, le monde de l’édition et de l’écriture ? Je peux vous dire pourtant que pour chaque erreur de jugement, j’ai pleuré des larmes de sang ! Perte de crédibilité, de lectorat, d’argent, travail supplémentaire, etc.
Pour subvenir à vos besoins, soit vous avez un autre boulot avec les horaires et la fatigue qui vont avec (si votre santé vous le permet), mais soyons honnêtes, c’est difficile de s’y mettre après un taf de 8h, soit vous tentez de diversifier votre activité avec encore davantage d’investissement, de risques, de travail et de stress, soit vous renoncez au bout d’un certain temps, lessivé physiquement et financièrement. Parfois les trois en même temps. Mais dans tous les cas, vous faites énormément de sacrifices et y laissez une partie de votre santé. Tout ça pour ne même pas être considéré comme un travailleur, mais comme un dilettante !
Alors pourquoi je continue à vouloir réaliser ce rêve, devenir auteur et en vivre ? Parce que c’est dans mes gênes et que je ne sais faire que ça ! Que je ne VEUX faire que ça ! Parce que malgré tous les aléas, j’y crois encore, parce que des personnes formidables m’aident de différentes façons. En m’expliquant la compta XD et les pièges de l’édition, en me faisant parfois une ristourne sur une correction, en me créant des couvertures que j’adore, en me suivant sur Facebook ou Insta, en visitant mon site ou mon blog, en likant, en laissant un petit mot vraiment sympa, un com sur Amazon ou autre, en chroniquant mes romans... Et surtout parce que, MOI, J’AI UN RÊVE ! Mon travail, c’est mon rêve à moi ! Mais ça reste un travail avec ses bons et ses mauvais côtés. Alors pitié, arrêtez de le considérer comme un vague passe-temps !
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